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Une carrière sur le fleuve Fraser avec le capitaine Gord Cooper

Avec plus de 40 ans sur l'eau et plus de 20 ans en tant que pilote du fleuve Fraser, le capitaine Gord Cooper s'est construit une carrière dans la navigation sur l'une des voies navigables les plus difficiles et les plus dynamiques du Canada. Depuis les emplois d'été sur les remorqueurs pendant son adolescence jusqu'à l'obtention de sa licence de pilote en 2004, son parcours est un mélange d'expérience pratique, de formation formelle et de compréhension approfondie des courants, des marées et du trafic sur le fleuve.

Dans cette séance de questions et réponses, le capitaine Cooper, qui travaille maintenant pour l'Administration de pilotage du Pacifique (APP), explique ce qu'il faut faire pour guider les navires en toute sécurité sur le fleuve Fraser, ainsi que les compétences et les qualités nécessaires pour réussir dans la navigation maritime, ce qui rend ce travail à la fois exigeant et gratifiant.
Q : Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?

Pilote du fleuve Fraser, capitaine Cooper, à bord du roulier Glovis Star le long du terminal d'Annacis Auto, poste d'amarrage 2.
J'ai commencé à travailler l'été sur le fleuve Fraser avec Westminster Tugs lorsque j'avais entre 15 et 17 ans, où je peignais, nettoyais et faisais l'entretien des remorqueurs. Après avoir obtenu mon diplôme d'études secondaires, j'ai tenté un semestre au Douglas College pour poursuivre une carrière de professeur d'éducation physique, mais j'ai réalisé que cela ne me convenait pas.

Ma famille possédait Westminster Tugboats depuis 1919, mais la règle voulait que personne ne puisse y travailler sans avoir d'abord acquis de l'expérience et du temps de mer ailleurs. En 1989, j'ai navigué en tant que matelot sur le remorqueur Ocean Wrestler de 189 pieds d'Anvers, en Belgique, à Port Alberni pour Pacific Towing.
Malheureusement, à cette époque, le travail n'était pas régulier, et j'ai donc changé d'entreprise jusqu'à ce que le regretté grand Peter Brown m'engage chez Union Tug and Barge, où j'ai remorqué des barges de grumes le long de la côte de la Colombie-Britannique. C'est là que j'ai appris à accumuler du temps de mer et de l'expérience pour gravir les échelons et éventuellement devenir pilote. Sous la direction des capitaines John Porter et Nick Malysh, j'ai obtenu mon brevet de lieutenant de quart et ma mention de commandement tout en étudiant au Pacific Marine Training Institute, aujourd'hui connu sous le nom de British Columbia Institute of Technology (BCIT).

Les deux voies les plus courantes pour obtenir un certificat de navigation que je connais sont soit de commencer en mer et de progresser par l'expérience, ce que l'on appelle souvent « monter par le tuyau d'écubier », soit de s'inscrire à un programme post-secondaire pour accélérer le processus. J'ai choisi la voie la plus longue, en accumulant du temps en mer grâce à mon travail avant de suivre des cours et de passer des examens pour obtenir mes certifications.

Mon expérience fluviale m'a ensuite ramené à Westminster Tugboats en tant que second et enfin capitaine, où j'ai manœuvré des navires de haute mer dans le port de Fraser, remorqué des barges et perfectionné mes compétences en matière de manœuvre de bateaux rapides sous la direction de nombreux capitaines et seconds expérimentés, en particulier Chris Stradiotti.

En 2003, par chance, un examen de pilote fluvial a été organisé, ce qui était rare étant donné le nombre limité de postes à pourvoir. Encouragé par le capitaine Mike Armstrong, j'ai passé l'examen, je l'ai réussi et, après une année d'attente, j'ai commencé mon apprentissage en août 2004. En décembre, j'ai obtenu ma licence de pilote pour la zone 1 (fleuve Fraser), débutant ainsi officiellement ma carrière de pilote.
Q : Vous êtes pilote sur le fleuve Fraser depuis plus de 20 ans. Qu'est-ce qui vous a poussé à poursuivre ce travail et qu'est-ce qui fait du fleuve Fraser un endroit si unique ?
J'ai du mal à croire que cela fait plus de 20 ans que je suis pilote et plus de 40 ans que je suis sur l'eau. Ce qui me tient à cœur, c'est que la navigation n'est jamais deux fois la même. Chaque mission apporte de nouveaux défis. Chaque jour, vous travaillez avec un navire différent, dans des conditions différentes et dans des situations différentes.

On dit parfois : « On ne fait que remonter et descendre les mêmes 29 kilomètres, c'est plate, non ? De l'extérieur, ça peut paraître répétitif, mais en réalité, c'est 29 kilomètres d'eaux étroites avec du trafic, du courant, des hauts-fonds et une météo changeante qui vous obligent à rester vigilant en permanence.

Ce qui distingue également le fleuve Fraser, c'est la façon dont toutes les personnes présentes sur l'eau, en particulier les remorqueurs et les transbordeurs, travaillent ensemble pour faire avancer le commerce. Il y a un véritable sens de la solidarité dans le maintien de la sécurité et de l'efficacité dans ces eaux boueuses, et ce travail d'équipe est quelque chose que j'apprécie vraiment.
Q : Pour les personnes qui ne connaissent pas le pilotage, comment expliqueriez-vous ce que vous faites au quotidien ?
Les pilotes prennent en charge la navigation des navires et les guident dans les eaux locales, en l'occurrence le fleuve Fraser. Comme la plupart de ces navires sont étrangers, leurs équipages ne connaissent souvent pas les zones locales des différents ports du monde. C'est donc le travail du pilote du fleuve Fraser de s'assurer que les navires naviguent en toute sécurité et de manière efficace en utilisant nos connaissances locales du fleuve.
Q : Quelles sont les parties les plus importantes d'une mission typique ?
Les connaissances locales sont essentielles. Au fil du temps, vous apprenez les complexités de la rivière : où se trouvent les endroits délicats, comment se comportent les marées et les courants, et comment les conditions météorologiques peuvent changer les conditions. Ces connaissances influencent la planification de chaque travail. Nous examinons les prévisions, les niveaux de marée et la vitesse des courants, et nous organisons le soutien d'un remorqueur si nécessaire.

Une communication claire avec l'équipage du navire est essentielle. Dès que vous montez à bord, vous donnez le ton en vous présentant au capitaine et aux officiers de manière professionnelle mais aimable, puis vous passez en revue les particularités du navire, ses performances, son plan de transit et les détails des manœuvres à quai.

La relation avec les opérateurs de remorqueurs est tout aussi importante. Des années de confiance mutuelle et d'expérience partagée signifient que les informations circulent librement, ce qui nous aide à anticiper les défis et à nous adapter rapidement. C'est grâce à cette collaboration que les transits et les opérations d'accostage restent sûrs et efficaces.
Q : Naviguer sur le fleuve Fraser semble être une tâche très exigeante. Quels sont les plus grands défis auxquels vous êtes confrontés pendant un transit et comment les gérez-vous ?
Comme je l'ai mentionné précédemment, les forts courants, en particulier pendant la crue printanière (la montée annuelle du niveau des rivières et des ruisseaux qui se produit au printemps lorsque la neige et la glace fondent), ainsi que les zones peu profondes et les interactions avec d'autres trafics sont quelques-uns des défis auxquels nous sommes régulièrement confrontés. La plupart de ces problèmes peuvent être résolus en examinant les données relatives aux marées et aux courants et en se coordonnant à l'avance avec les autres véhicules.

Les conditions météorologiques constituent le défi le plus imprévisible. Des vents forts ou une faible visibilité peuvent rendre la navigation sur un fleuve étroit et sinueux très difficile. Si l'on ajoute à cela les courants forts, les eaux peu profondes et le trafic, la tâche devient encore plus complexe. Les conditions peuvent changer rapidement, il faut donc rester vigilant et s'adapter. L'expérience aide, et une communication claire avec l'équipage et les autres navires est essentielle pour gérer ces situations en toute sécurité.
Q: Les pilotes du fleuve Fraser opèrent selon un horaire rotatif, 12 jours de travail et 16 jours de repos. Qu'est-ce que c'est que d'équilibrer un tel rythme de travail et qu'est-ce qui vous plaît le plus dans ce travail ?
En théorie, l'emploi du temps est idéal, et il l'est vraiment, mais il comporte ses propres défis. Pendant les 12 jours de travail, vous êtes effectivement de garde 24 heures sur 24. Un jour, vous pouvez travailler la nuit, le lendemain le jour, puis à nouveau la nuit. Le rythme n'est pas toujours régulier et cela peut perturber votre sommeil.

Cela dit, le code du travail canadien impose des exigences strictes en matière de repos, ce qui limite le nombre d'heures que nous pouvons travailler par période de 24 heures. N'ayant jamais travaillé de 9 à 5, cet horaire me convient parfaitement. Les 16 jours de congé permettent de récupérer, de réorganiser son sommeil et de passer du temps avec sa famille, ce qui est très important pour moi. À l'occasion, les congés peuvent être interrompus pour couvrir du travail supplémentaire si les pilotes en service se heurtent à des limites d'heures de travail, car les expéditions ne s'arrêtent jamais.
Q: Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui envisage une carrière dans la navigation maritime ou le pilotage ? Y a-t-il des compétences ou des qualités clés que vous jugez particulièrement importantes dans ce domaine ?
L'une des grandes qualités de ce secteur est qu'il n'y a pas un seul parcours de carrière. Les remorqueurs, les ferries, le travail en haute mer et les garde-côtes peuvent tous constituer des étapes intéressantes. Que vous progressiez par l'expérience ou que vous suiviez une voie plus formelle, tout dépend des efforts que vous êtes prêt à fournir. Tirez le meilleur parti des opportunités qui se présentent, et si elles ne se présentent pas, trouvez un moyen de les créer.

La patience, l'adaptabilité et la capacité à prendre des décisions sont des qualités essentielles. Vous devez rester calme sous la pression, penser à l'avenir et continuer à apprendre parce que les conditions changent constamment. Écouter les autres peut permettre de trouver de meilleures solutions, et une solide éthique de travail est essentielle, en particulier au début, lorsque vous acquérez de l'expérience.

Il est essentiel de rester motivé et de travailler dur pour prouver que l'on a sa place. Le secteur peut être difficile, avec des périodes passées loin de chez soi, mais pour ceux qui s'accrochent, les récompenses sont réelles.
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