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Séance de Q et R avec un échantillonneur de marchandises et arpenteur au moyen d'un drone
Frank Zhu, échantillonneur de marchandises et arpenteur de drone au travail.
Vous êtes-vous déjà demandé à quel point la technologie influence le secteur maritime? Eh bien, nous nous sommes récemment entretenus avec Frank Zhu, qui a partagé avec nous sa passion pour les aspects technologiques de la marine.

Frank Zhu – un étudiant en deuxième année du premier cycle à l'université McMaster de Hamilton, Ontario – fait des blagues à propos de son diplôme qui semble un peu particulier. Frank est inscrit au programme de double spécialisation en arts et sciences – un programme d’arts libéraux, et en affaires. Au cours de ses études, il espère acquérir un éventail unique de compétences en pensée critique et en communications, ainsi qu’un sens aigu des affaires.

Sur le plan professionnel, Frank a occupé pendant 3 ans un poste de technicien en approvisionnement au sein de la réserve navale des Forces canadiennes. Il occupe présentement un poste d'échantillonneur de marchandises et d’arpenteur au moyen d’un drone. Frank aide à s’assurer que les cargaisons transportées sont sécuritaires, alors qu’il simplifie le processus de chargement en suivant le tonnage des marchandises à bord des navires et lorsqu’elles sont empilées à quai.

Il a également pris part à différentes activités de manière bénévole. À titre de visiteur de navires auprès de Mission to Seafarers, Frank procure à des centaines de gens de mer étrangers un soutien au niveau des transports, des cartes SIM et sur le plan du bien-être. Plus récemment, alors qu’il est devenu membre du groupe de travail sur le Wi-Fi du port du Conseil national canadien du bien-être des gens de mer, il collaborera avec les intervenants de partout au pays dans le domaine du transport maritime afin d’étendre l’accès à l'Internet aux gens de mer.
Q : Comment avez-vous appris l’existence de l'industrie maritime et qu’est-ce qui vous a incité à entreprendre une carrière dans ce domaine? Pouvez-vous nous décrire votre aventure et vos expériences personnelles?
Jusqu’à l’an dernier, je n’avais jamais imaginé que j’allais m’impliquer autant dans l'industrie maritime. Étant né et ayant grandi à Calgary, je peux affirmer sans danger que j’en savais peu sur l’eau. Même si j’ai servi au sein de la Réserve navale, toutes mes activités se déroulaient strictement sur la terre ferme. Mon intérêt pour le transport maritime découle de ma passion pour l’Arctique. Le Nord m’intriguait depuis plusieurs années, de sorte que j’en savais un peu sur le transport maritime dans l’Arctique. Les choses se sont mises à débouler lorsque j’ai emménagé à Hamilton pour étudier à l'Université. Je me souviens d’être sorti de la base navale un soir et d’avoir remarqué un laquier amarré au quai situé à proximité. Curieux de savoir à quoi pourrait ressembler la vie à bord, j’ai feuilleté le répertoire du Port de Hamilton où j’ai trouvé l'organisme Mission to Seafarers, ce qui a marqué le début de mon aventure dans l'industrie maritime à titre de visiteur de navires. Le moment où vous mettez les pieds sur une passerelle, vous entrez dans un monde qui n'a pas son pareil. Observer les équipages au travail, leur camaraderie et les écouter décrire à quel point ils s’ennuient de leur famille restée à la maison ont été pour moi des expériences marquantes.

Après avoir établi plusieurs relations dans l'industrie dans le cadre de mon travail au sein de la Mission, j’ai hérité d’un poste dans le cadre du projet Wi-Fi du port national et j’ai pu mettre mes aptitudes technologiques en pratique en effectuant des levés au moyen d’un drone.

Mes collègues du secteur maritime ont tous été étonnamment gentils et généreux de leur soutien. J’ai appris qu’il fallait toujours s’adapter et s’attaquer à chaque problème avec enthousiasme. Mais surtout, ayant interagi avec tout le monde, allant des matelots de pont aux membres de la haute direction, j’en suis venu à comprendre l'étendue de l'industrie. Il faut des décennies de diligence constante pour vraiment en arriver à bien comprendre ce domaine qu’est le transport maritime, ce qui nous rappelle avec force qu’il faut rester humble et travailler fort jour après jour.
Q : Quel usage fait-on présentement des drones et de la technologie dans l'industrie maritime et quel potentiel envisagez-vous pour assurer leur avancement?
L'industrie maritime est indissociable de la technologie. Qu’il s’agisse d’un logiciel qui contrôle automatiquement la poussée du moteur pour assurer une efficacité optimale du carburant, de systèmes de propulsion écologiques, comme le GNL et le méthanol, de navires autonomes, la technologie transforme continuellement le transport maritime, permettant ainsi à nos chaînes d'approvisionnement de devenir plus résilientes et plus durables du point de vue environnemental.

En collaborant avec McDonald Marine Surveys ici à Hamilton, j’ai utilisé un drone pour noter les marques de tirant d’eau sur les navires. Ce processus, qui obligerait autrement un évaluateur à escalader une échelle placée sur le côté du navire, nous permet de déterminer avec précision le tonnage de la cargaison qui se trouve à bord du navire. Il s’agit là d'un des nombreux exemples de la façon dont la technologie permet de réaliser des économies et d’améliorer la sécurité. J’ai également eu recours à un drone pour mesurer le volume de marchandises. Plusieurs produits secs en vrac, incluant le charbon, le sucre et les minéraux, sont empilés sur les quais avant de procéder à leur chargement. La masse de ces produits doit être déterminée pour permettre d’identifier les pénuries et d’éviter les délais. Il s’agit là d’une tâche ardue, puisqu’il est difficile de mesurer le volume des marchandises de formes irrégulières. Cependant, si j’utilise les images captées au moyen de mon drone, un logiciel permet de créer un modèle en trois dimensions d’une accumulation et de calculer avec précision son volume et sa masse. Une tâche qu’on effectuait auparavant au pifomètre peut maintenant se dérouler de manière précise en évitant ainsi possiblement des délais coûteux de plusieurs heures.

À l’avenir, les drones peuvent même faciliter la navigation dans les glaces jusque dans l’Arctique. Les chercheurs ont essayé de prendre des photos au moyen d’un drone en faisant appel à un logiciel de reconnaissance pour détecter et analyser la glace de mer. Un tel processus pourrait se révéler extrêmement utile pour naviguer dans les régions nordiques. J’aimerais contribuer à implanter ces technologies dans l'industrie maritime canadienne.

Peu importe l'application, le pilotage d’un drone est magique et je suis toujours impatient de me retrouver dans les airs.

“L'industrie maritime est indissociable de la technologie. Qu’il s’agisse d’un logiciel qui contrôle automatiquement la poussée du moteur pour assurer une efficacité optimale du carburant, de systèmes de propulsion écologiques, comme le GNL et le méthanol, de navires autonomes, la technologie transforme continuellement le transport maritime, permettant ainsi à nos chaînes d'approvisionnement de devenir plus résilientes et plus durables du point de vue environnemental.”

Q: Quelles expériences avez-vous vécues dans le Nord et de quelle façon ont-elles suscité votre intérêt à l'égard du transport maritime dans l'Arctique?
Il n ‘existe pas de mots pour décrire l’Arctique. Nombreux sont ceux qui en ont fait une obsession. Après y être allé, votre vie ne sera plus jamais la même. Ma rencontre personnelle avec le Nord s’est passée l’été dernier, alors que j’acceptais de travailler bénévolement pendant un mois au Arctic Chalet, un ranch pour chiens Husky et un complexe en pleine nature à Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest.

Ayant connu le Nord, vous reconnaissez rapidement les défis qui consistent à nourrir les habitants de l’endroit et à les garder au chaud. Le réapprovisionnement de la communauté arctique est une responsabilité nationale, mais également une source de fierté, sans compter qu’il s’agit du créneau le plus osé de l'industrie maritime canadienne. Tous les aspects du transport maritime dans l’Arctique, comme la saison de navigation limitée, les distances énormes pour rejoindre les ports situés dans le sud et les destinations nordiques, en passant par la météo et les conditions des glaces imprévisibles, incluant le déchargement des marchandises dans les communautés qui ne sont pas dotées d'infrastructures portuaires, tout repose sur la prévoyance et la capacité d'adaptation.

Les professionnels du secteur maritime doivent élaborer méticuleusement un plan permettant d’acheminer suffisamment de marchandises et de carburant pendant les mois d’été; ils doivent également tenir compte des écosystèmes délicats qu’on retrouve dans le Nord. Alors que le climat se réchauffe et que les eaux nordiques deviennent de plus en plus accessibles, il n’a jamais été aussi crucial d’investir dans le transport maritime sécuritaire et durable dans l’Arctique. Nous avons besoin de gens qui connaissent bien les aspects techniques de l'industrie maritime, ainsi que les cultures et les valeurs de ces gens qui se sont établis dans le Nord. L’Arctique fera toujours partie de qui je suis. Je laisserai mon cœur dans cette région vénérable.

“Tous les aspects du transport maritime dans l’Arctique, comme la saison de navigation limitée, les distances énormes pour rejoindre les ports situés dans le sud et les destinations nordiques, en passant par la météo et les conditions des glaces imprévisibles, incluant le déchargement des marchandises dans les communautés qui ne sont pas dotées d'infrastructures portuaires, tout repose sur la prévoyance et la capacité d'adaptation.”

Q : Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de l'organisme Mission to Seafarers et de votre rôle auprès d’eux?

Mission to Seafarers est un organisme de bienfaisance international qui procure des services de bien-être et de défense aux gens de mer internationaux. Nous exploitons des centres de bien-être où l'on offre l'Internet gratuit et des bars dans tous les ports importants au Canada, alors que nos aumôniers et les visiteurs bénévoles des navires fournissent aux gens de mer des conseils, un service de transport local et des cartes SIM. Nous mettons également les gens de mer aux prises avec des problèmes de travail, comme le rapatriement et la perte de salaires, en relation avec les autorités concernées. En tant que membre de cet organisme formidable, je contribue à assurer que les gens de mer bénéficient d’un accès facile aux magasins et aux services locaux, d’un endroit confortable où se détendre et où ils peuvent communiquer avec leurs familles, ainsi que d’une oreille attentive et d’un esprit ouvert lorsqu’ils en ont besoin. Je recommande de tout cœur à quiconque s’intéresse au bien-être des gens de mer de participer bénévolement aux activités de la Mission.

Q : Quels défis envisagez-vous en ce qui concerne l’accès à l'Internet pour les gens de mer internationaux et quelles sont les possibilités d’après vous? Quelles initiatives sont présentement en cours ou est-on en train de planifier?
Je crois que les coûts et l'accessibilité sont les principaux obstacles. Même si certains transporteurs maritimes donnent accès à l'Internet à leurs membres d'équipage en mer, des limites de données sont imposées lorsqu’on parle d'utilisation gratuite, sans compter que le signal Internet peut être lent lorsque plusieurs gens de mer se branchent en même temps. Lorsque les navires sont amarrés au port, les membres des équipages internationaux se rendent habituellement au centre de bien-être des gens de mer afin de bénéficier d'un accès gratuit à l'Internet. Autrement, ils pourraient acheter des cartes SIM pour se brancher aux données cellulaires locales. Compte tenu du coût élevé des programmes sans fil au Canada, une carte SIM pourrait équivaloir au salaire d'une journée pour plusieurs gens de mer étrangers.

En vertu de la Convention du travail maritime, une entente internationale sur les droits des gens de mer dont le Canada est signataire, les gens de mer doivent bénéficier d’un accès à l'Internet lorsqu’ils se trouvent au port, une exigence qui entrera probablement en vigueur à la fin de 2024. Pour s’acquitter de cette obligation, le Conseil national canadien du bien-être des gens de mer de Transports Canada a mis sur pied un groupe de travail sur le Wi-Fi dans les ports. Ce groupe fera appel aux administrations portuaires, aux organisations de bien-être et aux représentants du domaine du transport maritime pour identifier les technologies et les sources de financement possibles de l’accès à l'Internet dans les ports.

Une option prometteuse pour le Wi-Fi dans les ports, qu’on a vue dans le Port de Montréal, repose sur l’expansion des réseaux privés actuels. Plusieurs administrations portuaires disposent déjà de systèmes sans fil servant aux opérations et à l'intention des employés; on pourrait possiblement étendre ces réseaux pour permettre aux gens de mer d’y avoir accès.

“Une option prometteuse pour le Wi-Fi dans les ports, qu’on a vue dans le Port de Montréal, repose sur l’expansion des réseaux privés actuels. Plusieurs administrations portuaires disposent déjà de systèmes sans fil servant aux opérations et à l'intention des employés; on pourrait possiblement étendre ces réseaux pour permettre aux gens de mer d’y avoir accès.”

Q: Quels sont vos objectifs de carrière dans l'industrie maritime et où vous imaginez-vous à l’avenir?

Honnêtement, je n’en suis pas certain! Il y a un an, je n’aurais jamais pu prédire que je serais ici aujourd'hui, de sorte que je suis incapable de prédire ce que réserve l’avenir. Je souhaite miser sur mon travail actuel avec les drones et participer à l’optimisation des transports. Il existe un logiciel capable de calculer la route la plus économique en carburant entre les ports et de déterminer l’horaire optimal d’une flotte de navires. Je crois que cette technologie sera d’une grande utilité dans le domaine du transport maritime dans l'Arctique et, parce qu’on sait si peu de choses sur les infrastructures et les conditions climatiques futures dans l’Arctique, cette technologie laisse grandement place à l'amélioration. En plus de disposer des outils physiques permettant de naviguer en toute sécurité dans les glaces, l'industrie maritime doit bénéficier d’un accès à des données plus précises et récentes afin de prendre des décisions plus rentables et responsables du point de vue environnemental dans l’Arctique. Il s’agit là d’un secteur clé dans lequel je m’imagine.
Parlant couramment le mandarin et ayant une excellente connaissance de la langue norvégienne et, compte tenu de l’implication de ces pays dans le transport maritime dans l'Arctique, je souhaite participer à l’avancement de l'industrie maritime en collaboration avec les intervenants de partout autour du globe. J’espère travailler dans les industries qui sont étroitement liées au transport maritime, comme les ressources naturelles, l'énergie et l'agriculture, afin de comprendre les navires et être sensible aux besoins des propriétaires de cargaisons et aux forces du marché qui stimulent le commerce.

Je poursuivrai également mes efforts pour assurer le bien-être des gens de mer. Le projet national de Wi-Fi dans les ports évolue rapidement et je ferai tout en mon pouvoir pour le mener à terme. Je compte également faire la promotion des carrières dans le secteur maritime en compagnie de ces gens formidables de la FCMC!
Q: En vous basant sur votre expérience, qu’est-ce que les jeunes recherchent dans une carrière d’après vous et que fait l'industrie maritime pour répondre à ces attentes?
Je dirais que le but et l’impact représentent les grandes priorités des jeunes, suivies des possibilités de croissance. Nous voulons terminer chaque journée en sachant que nous avons fait la différence dans nos communautés et nous espérons que notre diligence et notre talent sont reconnus et récompensés. L'industrie maritime se débrouille de manière superbe face à ces attentes. 90 % de toutes les marchandises sont transportées par bateau; quelle autre industrie peut en dire autant en lien avec tout ce que nous touchons? L’industrie du transport maritime et la grande diversité d’emplois représentent une occasion unique pour mettre ses habiletés en valeur. Le monde ne pourrait exister sans les navires.

Malgré son importance, la plupart de mes pairs ignorent tout de l'industrie maritime. C’est ce qu’on qualifie « d’aveuglement de la mer ». Ceux qui connaissent les navires ont tendance à voir le transport maritime comme un domaine isolé qui présente peu de liens avec les domaines, comme les technologies, le génie et les affaires. Rien ne pourrait être plus faux! Nous devons encourager les jeunes à voir les domaines, dont la baisse des émissions, la défense de l’intérêt public et le commerce comme des pièces indispensables du casse-tête maritime. « Vous pouvez appliquer ce que vous aimez déjà faire dans le monde maritime ». Voilà le message important que vous devez transmettre aux jeunes professionnels.

“L’industrie du transport maritime et la grande diversité d’emplois représentent une occasion unique pour mettre ses habiletés en valeur. Le monde ne pourrait exister sans les navires.”

Cet entretien avec Frank sur la manière dont il s’est taillé une place dans le secteur maritime fut exceptionnel. Son expérience nous raconte vraiment la façon dont nous pouvons tous « Imaginer la marine ».

Apprenez-en davantage en cliquant ici pour connaître la façon d’entreprendre votre propre aventure maritime.
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